Berlioz : Harold en Italie
Summum de l’ironie, l’instrument mal-aimé n’est pas mieux sublimé au début du XIXe siècle que par Hector Berlioz, compositeur largement boudé en France de son vivant. Composée en 1834, la symphonie Harold en Italie porte un sous-titre étonnant : Symphonie avec un alto principal en 4 parties. Commande de la part de Niccolò Paganini, l’œuvre est l’une des premières à mettre en avant l’alto, jusqu’alors dépourvu d’un répertoire digne de ce nom.
Grand admirateur de la beauté de l’instrument et de ses possibilités lyriques, Berlioz écrit dans son Traité d'instrumentation et d'orchestration :
« De tous les instruments de l’orchestre, celui dont les excellentes qualités ont été le plus longtemps méconnues, c’est l’alto. [...] Son timbre attire et captive tellement l’attention [...] et les qualités expressives de ce timbre sont si saillantes que, dans les très rares occasions où les anciens compositeurs le mirent en évidence, il n’a jamais manqué de répondre à leur attente. »
Inspiré de ses pérégrinations dans les Abruzzes en Italie, Berlioz fait de l’alto une sorte de « rêveur mélancolique » à l’instar du Childe-Harold de Lord Byron, dont il s’inspire profondément.