Homme à scandales (musicaux)
Alors qu’en ce début de XXe siècle, la plupart des compositeurs mettent en musique des poèmes symbolistes ou romantiques, Ravel, lui, se trouve inspiré par les Histoires naturelles de Jules Renard. Leur sujet ? Prosaïque ! Elles nous parlent d'animaux : canards, dindes et pigeons… La première représentation offusque le public parisien : comment Ravel a-t-il pu composer à partir de sujets aussi terre-à-terre, aussi peu poétiques ?
Autre objet de scandale : la prononciation populaire des interprètes et le chant proche du parlé. Ravel a par exemple conservé les élisions des textes de Renard, soit la suppression de certaines voyelles finales (comme le “e” dans “ presqu' ’’)... « une pratique de café-concert ! » juge alors la critique.
Dispensé de service militaire
Trop frêle, trop petit : Maurice Ravel est exempté de service militaire à cause de sa fragile morphologie. Loin de lui l’envie de fuir l’engagement militaire, au contraire... Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, le compositeur n’aspire qu’à une seule chose : rejoindre le front.
Refusé par l’aviation, il parvient finalement à incorporer l’armée en tant que conducteur de camion, en mars 1916. Dans les lettres qu’il écrit à ses parents, ‘Chauffeur Ravel’ (c'est ainsi qu'il se surnomme) raconte les péripéties qu’il endure avec son camion ‘Adélaïde’. Des aventures de courte durée puisque le musicien tombe malade en septembre de la même année 1916, et doit aussitôt rentrer à Paris.
Membre des Apaches
Il y a les Apaches d’Amérique du Nord, tribus indiennes réputées pour leur courage et leur ruse, les Apaches parisiens, ces bandes criminelles qui sévissent et détroussent la bonne société de la Belle Epoque, et la Société des Apaches, un groupe artistique formé peu après 1900, dont fait partie Ravel.
Le poète Léon-Paul Fargue, les compositeurs Désiré-Emile Inghelbrecht, Albert Roussel, Igor Stravinsky et Maurice Delage... tous sont membres de ce cercle d’artistes 'Apaches', symbole de l’effervescence intellectuelle et culturelle qui agite alors Paris au début du XXe siècle.
En froid avec Debussy
Ravel n’a jamais caché son admiration pour l’oeuvre de son aîné, Claude Debussy. Les deux compositeurs se rencontrent en 1901 et entretiennent des rapports amicaux jusqu’en 1905, date à partir de laquelle s'installe une certaine tension. La rumeur dit alors que Ravel reproche à Debussy l'emprunt du thème principal de sa Habanera pour La soirée dans Grenade.
Il semble plus vraisemblablement que cette 'non amitié' soit due à des divergences d’opinion. Du point de vue musical, en tout cas, Debussy ne manque pas de critiquer l’oeuvre de Ravel, qu’il juge trop artificielle : « Ce qui m’agace, c’est son attitude de faiseur de tour ou mieux, de Fakir charmeur, qui fait pousser des fleurs autour d’une chaise. » (Lettre du 25 janvier 1907 de Claude Debussy à Jacques Durand)