Plus jeune des instruments de l’orchestre symphonique, le tuba compense son manque d’ancienneté par une présence sonore indéniable. Derrière le nom « tuba » se cache toute une famille d’instruments à découvrir dans cet article.
Hector Berlioz (1830) - Symphonie Fantastique
Avant l’arrivée du tuba au milieu du XIXe siècle, c’est à l’ophicléide que font appel les compositeurs à la recherche d’un son riche et grave pour compléter la famille des cuivres. Du grec signifiant « serpent avec touches », l’instrument est largement utilisé par les compositeurs de l’époque, dont Wagner, Verdi, Mendelssohn et Berlioz. Malgré le succès de l’instrument, ce dernier n’hésite pas à partager dans son célèbre Traité d’instrumentation et d’orchestration son avis mitigé quant au son et au rôle de l’instrument dans l’orchestre :
« Le timbre de ces sons graves est rude, mais il fait merveilles […]. Le médium, surtout lorsque l’exécutant n’est pas très habile, rappelle trop les sons du serpent de cathédrale et du cornet à bouquin; je crois qu’il faut rarement les laisser à découvert. Rien de plus grossier, je dirais même de plus monstrueux et de moins propre à s’harmoniser avec le reste de l’orchestre, que ces passages plus ou moins rapides, écrits en forme de solos pour le médium de l’ophicléide dans quelques opéras modernes: on dirait un taureau qui, échappé de l’étable, vient prendre ses ébats au milieu d’un salon. »
Mais lorsque l’instrument sert à annoncer le thème lent et menaçant du Dies Irae dans le dernier mouvement de la Symphonie fantastique, il fait en effet merveilles. L’arrivée du tuba au début des années 1830 remplace progressivement l’ophicléide dans l’orchestre symphonique, pour raison de son « incomparablement plus noble que celui des ophicléides, bombardons et serpents » selon Berlioz (à 46.34 minutes dans la vidéo ci-dessous).