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LA FAMILLE DES TUBAS

En musique, la familles des tubas dans tous ses états

Plus jeune des instruments de l’orchestre symphonique, le tuba compense son manque d’ancienneté par une présence sonore indéniable. Derrière le nom « tuba » se cache toute une famille d’instruments à découvrir dans cet article.

 

Hector Berlioz (1830) - Symphonie Fantastique

 

Avant l’arrivée du tuba au milieu du XIXe siècle, c’est à l’ophicléide que font appel les compositeurs à la recherche d’un son riche et grave pour compléter la famille des cuivres. Du grec signifiant « serpent avec touches », l’instrument est largement utilisé par les compositeurs de l’époque, dont Wagner, Verdi, Mendelssohn et Berlioz. Malgré le succès de l’instrument, ce dernier n’hésite pas à partager dans son célèbre Traité d’instrumentation et d’orchestration son avis mitigé quant au son et au rôle de l’instrument dans l’orchestre :

« Le timbre de ces sons graves est rude, mais il fait merveilles […]. Le médium, surtout lorsque l’exécutant n’est pas très habile, rappelle trop les sons du serpent de cathédrale et du cornet à bouquin; je crois qu’il faut rarement les laisser à découvert. Rien de plus grossier, je dirais même de plus monstrueux et de moins propre à s’harmoniser avec le reste de l’orchestre, que ces passages plus ou moins rapides, écrits en forme de solos pour le médium de l’ophicléide dans quelques opéras modernes: on dirait un taureau qui, échappé de l’étable, vient prendre ses ébats au milieu d’un salon. »

Mais lorsque l’instrument sert à annoncer le thème lent et menaçant du Dies Irae dans le dernier mouvement de la Symphonie fantastique, il fait en effet merveilles. L’arrivée du tuba au début des années 1830 remplace progressivement l’ophicléide dans l’orchestre symphonique, pour raison de son « incomparablement plus noble que celui des ophicléides, bombardons et serpents » selon Berlioz (à 46.34 minutes dans la vidéo ci-dessous).

Berlioz : Symphonie fantastique op.14 (Mikko Franck / Orchestre philharmonique de Radio France)

Enrique Granados : Oriental, Danse espagnole op. 37 n°2 (Opus 333)

Enrique Granados (1884) - Oriental, Danse espagnole op. 37 n°2

 

Attention, ça ressemble de loin à un tuba, mais il s’agit ici d’un saxhorn basse, surnommé le « tuba français », instrument inventé par Adolphe Sax au milieu du XIXe siècle. Une famille d’instruments si jeunes ne peut naturellement pas se vanter d’un grand répertoire riche d’œuvres composées pour elle seule.

Cela n’empêche cette famille d’instruments d’afficher pleinement ses capacités lyriques et musicales en reprenant les œuvres du répertoire classique des XIXe et XXe siècles. L’Oriental, deuxième des douze danses ibériques du compositeur catalan Enrique Granados ne manque de lyrisme sentimental et de mélancolie, défi parfaitement relevé par le saxhorn et son timbre majestueux.

Charles Gounod (1885) : Petite Symphonie pour instruments à vent en si bémol majeur, 1er mouvement

 

Compositeur connu pour ses opéras mais aussi ses symphonies, ses oratorios et ses oratorios, Charles Gounod est un habitué des ensembles symphoniques. Il fit pourtant rarement appel au tuba en dehors de ses œuvres aux grands effectifs.

Composée en 1885, la Petite Symphonie pour instruments à vent de Charles Gounod est composée pour un ensemble de bois, dont une flûte, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons mais aussi deux cors. Initialement conçue pour le timbre et la grâce des bois, l’œuvre ne perd aucune de son agilité et de sa légèreté dans les mains cuivrées de deux cornets, trois saxhorns et un tuba.

Charles Gounod : Petite Symphonie pour instruments à vent en si bémol majeur, 1er mouvement (No S...

Monti : Czardas, par Thomas Leleu

Vittorio Monti (1904) : Czardas

 

Csárdás de Vittorio Monti : défi musical déjà pour les plus virtuoses des instruments. Initialement composée pour violon, mandoline ou piano, l’œuvre est régulièrement transcrite pour d’autres instruments souhaitant faire leurs preuves. De la flûte à la trompette en passant par le trombone et le cor, Csárdás en voit de toutes les couleurs. 

Mais qu’en est-il du tuba ? Souvent associé à la lourdeur et à la gravité, on n’imagine pas le tuba dans un rôle de virtuosité envolée, mais détrompez-vous ! Il est tout aussi capable que le plus agile de ses confrères symphoniques d’épater et d’essouffler son public. 

Michel Legrand (1967) - Chanson de Maxence

 

Le tuba n’est pas le premier instrument qui nous vient à l’esprit lorsque l’on pense aux reprises des chansons de Michel Legrand… Et pourquoi pas ? Le tuba peut swinguer, il peut chanter, et il peut même se lamenter. Son timbre chaleureux se prête parfaitement à la langueur amoureuse des paroles touchantes de Maxence, jeune marin à la recherche de son idéal féminin.

« Je l’ai cherchée partout, J’ai fait le tour du monde […] Je ne l’ai pas trouvée, Et je la cherche encore »

 

Document de France Musique

Michel Legrand : Chanson de Maxence (tuba/piano)

Date de dernière mise à jour : Ven 07 jan 2022