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Maurice RAVEL

Compositeur et chef d'orchestre français (Ciboure 1875 – Paris 1937)

Homme au caractère indépendant et énigmatique, Maurice Ravel laisse derrière lui une œuvre charnière située entre XIXe et XXe siècles, au temps des querelles entre modernistes et traditionalistes, entre esthétiques de l’avenir et du passé.

 

Maurice Ravel se tient à l’écart de la révolution portée par Arnold Schoenberg et de l’académisme de la Schola Cantorum. Son audace ainsi que son admiration pour Erik Satie, lui vaut une forte réprobation de ces milieux qui lui coûte notamment des échecs successifs au Concours de Rome.

Son écriture musicale est souvent comparée à celle de ClaudeDebussy, dont il partage cette utilisation de l’harmonie comme une couleur et l'importance des dissonances non résolues, et se distingue par une écriture pianistique très novatrice et une maîtrise de l’orchestration hors du commun.

Gabriel Fauré, qui fut son professeur de composition et ami, qualifia son travail d’une "sincérité désarmante". Son œuvre, éminemment éclectique, est empreinte de diverses inspirations : Couperin, Rameau, Mozart, et Saint-Saëns. Ravel est également fasciné par la musique noire américaine comme le jazz et le blues, et imprégné de musique hispanique - sa mère étant d'origine espagnole.

Parmi un catalogue de 111 œuvres, Maurice Ravel nous a laissé une grande majorité de chefs-d’œuvre mondialement reconnus, qui font de lui l’un des plus grands compositeurs français du XXème siècle.

Ravel

Maurice Ravel en 6 dates : 

1889 : intègre le Conservatoire de Paris

1910 : fondation de la Société musicale indépendante qui vise à promouvoir la musique contemporaine

1913 : prend la parole en faveur de Stravinski lors de la polémique autour de la création du Sacre du printemps 

1914 : La première guerre mondiale éclate, Ravel n’est pas engagé dans l’aviation en raison de sa petite taille. Ne pouvant supporter l'inaction, il réussit finalement à se faire engager comme conducteur d’un camion militaire

1921 : Ravel achète la maison « Le Belvédère » à Montfort-l’Amaury, où il réside jusqu'à sa mort

1928 : tournée aux États-Unis et au Canada

Maurice Ravel en 6 œuvres : 

1901 :Jeux d’eau pour piano

1907 :Rapsodie espagnole, suite pour orchestre

1909-1912 :Daphnis et Chloé, ballet

1928 :Boléro, musique de ballet pour orchestre

1929-1931:Concerto pour la main gauche et Concerto pou piano en sol majeur

1932:Don Quichotte à Dulicnée, recueil de trois mélodies composées sur des poèmes de Paul Morand

Biographie de la Documentation musicale de Radio France, mise à jour en mai 2018

10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur du Boléro

Ravel | Habanera par Henri Demarquette & Vanessa Benelli Mosell

Des origines basques

Maurice Ravel est né à Ciboure, dans le Pays Basque, d’un père suisse et d’une mère d'origine espagnole. L’attrait du compositeur pour les sonorités hispaniques est souvent expliqué par cette ascendance… mais le petit Maurice n’a vécu que quelques mois sur le sol basque, ses parents ayant emménagé à Paris quelques mois après sa naissance.

Ses fréquentations amicales et mondaines expliquent mieux son attrait pour la culture espagnole. Au conservatoire de Paris, il se lie ainsi d’amitié avec le pianiste Ricardo Viñes. Il croise également le chemin d’Isaac Albéniz et Manuel de Falla, deux compositeurs dont l’oeuvre s’inspire des musiques folkloriques de leur terre natale, l'Espagne !

Loin d’être un élève modèle

Maurice Ravel entre au conservatoire de Paris en 1889 afin d’y étudier le piano et l’harmonie. Bien que ses professeurs reconnaissent unanimement son talent, il ne remporte aucun prix ou distinction durant ses premières années d’étude. Il abandonne alors son cursus.

Mais, en 1898, il réintègre le conservatoire pour y suivre les cours de composition de Gabriel Fauré. De nouveau, il n’obtient aucune récompense et doit quitter la classe... Son professeur n’aura toutefois pas manqué de remarquer cet élève « doué et assidu », qui semble davantage inspiré par les poèmes de Poe ou Mallarmé que par la réussite académique.

Quatre échecs au Prix de Rome

Motivé par les encouragements de son professeur de composition, Gabriel Fauré, ainsi que par la perspective d’une récompense financière (sa situation est alors précaire), Ravel se présente à cinq reprises devant le jury du Prix de Rome, un prestigieux concours de composition.

S’il obtient le second prix en 1901 avec sa cantate Myrrha, il est recalé à chacune de ses autres tentatives. Le jury considère son style trop audacieux, inadapté à l’exercice… Or le Maurice Ravel candidat a déjà acquis une solide réputation, et la non-reconnaissance de son talent met en colère ses soutiens. La polémique est telle que la presse s’empare de l'affaire.

Ravel : La Valse (Orchestre philharmonique de Radio France / Mikko Franck)

Homme à scandales (musicaux)

Alors qu’en ce début de XXe siècle, la plupart des compositeurs mettent en musique des poèmes symbolistes ou romantiques, Ravel, lui, se trouve inspiré par les Histoires naturelles de Jules Renard. Leur sujet ? Prosaïque ! Elles nous parlent d'animaux : canards, dindes et pigeons… La première représentation offusque le public parisien : comment Ravel a-t-il pu composer à partir de sujets aussi terre-à-terre, aussi peu poétiques ?

Autre objet de scandale : la prononciation populaire des interprètes et le chant proche du parlé. Ravel a par exemple conservé les élisions des textes de Renard, soit la suppression de certaines voyelles finales (comme le “e” dans “ presqu' ’’)... « une pratique de café-concert ! » juge alors la critique.

Dispensé de service militaire

Trop frêle, trop petit : Maurice Ravel est exempté de service militaire à cause de sa fragile morphologie. Loin de lui l’envie de fuir l’engagement militaire, au contraire... Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, le compositeur n’aspire qu’à une seule chose : rejoindre le front.

Refusé par l’aviation, il parvient finalement à incorporer l’armée en tant que conducteur de camion, en mars 1916. Dans les lettres qu’il écrit à ses parents, ‘Chauffeur Ravel’ (c'est ainsi qu'il se surnomme) raconte les péripéties qu’il endure avec son camion ‘Adélaïde’. Des aventures de courte durée puisque le musicien tombe malade en septembre de la même année 1916, et doit aussitôt rentrer à Paris.

Membre des Apaches

Il y a les Apaches d’Amérique du Nord, tribus indiennes réputées pour leur courage et leur ruse, les Apaches parisiens, ces bandes criminelles qui sévissent et détroussent la bonne société de la Belle Epoque, et la Société des Apaches, un groupe artistique formé peu après 1900, dont fait partie Ravel.

Le poète Léon-Paul Fargue, les compositeurs Désiré-Emile Inghelbrecht, Albert Roussel, Igor Stravinsky et Maurice Delage... tous sont membres de ce cercle d’artistes 'Apaches', symbole de l’effervescence intellectuelle et culturelle qui agite alors Paris au début du XXe siècle.

En froid avec Debussy

Ravel n’a jamais caché son admiration pour l’oeuvre de son aîné, Claude Debussy. Les deux compositeurs se rencontrent en 1901 et entretiennent des rapports amicaux jusqu’en 1905, date à partir de laquelle s'installe une certaine tension. La rumeur dit alors que Ravel reproche à Debussy l'emprunt du thème principal de sa Habanera pour La soirée dans Grenade.

Il semble plus vraisemblablement que cette 'non amitié' soit due à des divergences d’opinion. Du point de vue musical, en tout cas, Debussy ne manque pas de critiquer l’oeuvre de Ravel, qu’il juge trop artificielle : « Ce qui m’agace, c’est son attitude de faiseur de tour ou mieux, de Fakir charmeur, qui fait pousser des fleurs autour d’une chaise. » (Lettre du 25 janvier 1907 de Claude Debussy à Jacques Durand)

Ravel : Pavane pour une infante défunte (Orchestre national de France)

Refus de la légion d’honneur

En 1920, Maurice Ravel apprend qu’il doit recevoir la Légion d’honneur. Une haute décoration française qu'il s'empresse de refuser : « Consentir à être décoré, c’est reconnaître à l’Etat ou au prince le droit de vous juger », déclare-t-il. Si la raison exacte de ce refus nous est inconnue, on penche toutefois pour l’hypothèse d’un Ravel libre-penseur, peu enclin au nationalisme.

En effet, durant la Première Guerre mondiale, alors que beaucoup de ses contemporains s’élèvent contre la diffusion des œuvres musicales austro-allemandes, Maurice Ravel, lui, aspire à l’internationalisme. Il écrit : « Il m’importe peu que M. Schoenberg, par exemple, soit de nationalité autrichienne. Il n’en est pas moins un musicien de haute valeur dont les recherches pleines d’intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés et jusque chez nous ».

Éternel célibataire

Le mystère demeure sur la vie amoureuse de Maurice Ravel. Il a bien de très bonnes amies, comme la violoniste Hélène Jourdan-Morhange à qui il dédie sa Sonate pour violon en 1927 ou la danseuse Ida Rubinstein, pour qui il compose son Boléro, mais on ne lui connaît aucune relation, aucune histoire.

Ravel aura vécu et vieilli célibataire. Lorsqu’il a besoin de fuir la vie parisienne, c’est seul qu’il part se ressourcer au Pays Basque ou dans la maison de campagne de son couple d’amis, Ida et Cyprien Godebski.

Une triste fin de vie

Sa santé se détériore à compter de l’été 1933. Ravel subit des troubles de l’écriture et du langage. Il ne peut plus écrire ni jouer, quand bien même ses capacités intellectuelles restent intactes.

En décembre 1937, il accepte non sans réticences de subir une intervention chirurgicale, dans l’hypothèse d’une tumeur cérébrale. Survivant à l’opération, il tombe quelques jours plus tard dans un profond coma dont il ne s’éveillera jamais. Il s’éteint le 28 décembre 1937, à 62 ans.

Date de dernière mise à jour : Ven 05 août 2022